Qui mieux que le Japon, qui présidait cette année la RCM à l’occasion du cinquantenaire de son adhésion à l’OCDE, peut incarner la notion de résilience? Confronté à des catastrophes naturelles et à une récession économique prolongée, ce pays a toujours su rebondir. Nous avons eu l’honneur d’accueillir le Premier ministre, M. Shinzo Abe, et de bénéficier de son analyse passionnante des réformes structurelles entreprises pour revitaliser l’économie japonaise.
Comme le Japon, tous les pays de l’OCDE et ses pays partenaires sont déterminés à sortir renforcés de la crise et à bâtir un avenir plus résilient et plus inclusif. La RCM et le Forum l’ont affirmé avec force et clarté : les décideurs doivent agir sans attendre pour stimuler la reprise mondiale et s’assurer que les bénéfices en sont largement répartis grâce à une croissance plus inclusive.
Lors de notre réunion annuelle, les ministres ont souligné leur engagement à mener des politiques susceptibles de créer des emplois de qualité, améliorer le bien-être, protéger l’environnement, restaurer la confiance et donner à chacun les moyens de participer activement à la société. Ils ont notamment adopté la Déclaration relative à l’échange automatique de renseignements en matière fiscale entre pays et juridictions, qui définit une norme internationale permettant d’accentuer les efforts de transparence financière et de lutte contre la fraude fiscale. Pour encourager une croissance verte, ils ont souscrit à la Déclaration sur le changement climatique, qui aidera l’OCDE à définir les différentes mesures requises pour atteindre l’objectif « zéro émission nette de carbone » à l’horizon 2050, et contribuera au succès de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 15), à Paris en 2015. Les ministres ont aussi invité l’Organisation à approfondir ses travaux sur la protection de la vie privée sur internet, et ont adopté la Recommandation de l’OCDE sur la gouvernance des risques majeurs, d’origine humaine ou naturelle.
Les ministres ont aussi pu débattre de la manière dont l’éducation et les compétences peuvent autonomiser tous les citoyens − notamment les femmes, les jeunes et les seniors – et ont salué le rapport All on Board : Making Inclusive Growth Happen, qui analyse les moyens de garantir un meilleur partage des chances de s’épanouir dans la santé et le bien-être. Ils se sont aussi penchés sur les premières conclusions et recommandations des initiatives sur les Nouvelles approches face aux défis économiques (NAEC) et sur la croissance inclusive, qui tirent les leçons de la crise pour encourager une évaluation sans a priori des différentes politiques possibles.
Ce n’est là qu’un échantillon des moments forts de la réunion ministérielle de l’OCDE, dont les déclarations et les conclusions sont disponibles sur www.oecd.org/fr/rcm et dont ce numéro de L’Observateur de l’OCDE donne un aperçu. Il en ressort que notre action est dictée par la détermination à restaurer la motivation et la confiance, si indispensables au progrès. Les citoyens, ayant perdu confiance dans la politique, les banques, les médias, et même dans leur prochain, ressentent un sentiment de découragement. Il appartient aux décideurs politiques de regagner cette confiance.
Mais ils n’y parviendront pas seuls. Les entreprises, qui créent des emplois, de la richesse et des débouchés, animent le développement mondial et influencent idées et mentalités, doivent les épauler dans cette tâche. Il faudra travailler ensemble à l’amélioration constante des règles concernant notamment la fraude fiscale, les marchés publics, la diligence raisonnable dans les chaînes d’approvisionnement, la gouvernance d’entreprise, les conflits d’intérêts, le lobbying et la corruption. Il faudra également renforcer l’état de droit et la bonne gouvernance, dans le public comme dans le privé, et tirer parti de tout l’arsenal offert par l’OCDE : conventions et principes, cadres de référence, examens par les pairs et mécanismes de normes non contraignantes, rassemblés dans notre initiative CleanGovBiz.
Comme en témoigne le dossier de cette édition, il est essentiel d’améliorer la conduite des entreprises. Cet impératif a été souligné lors de la RCM et a inspiré le message clé du Forum mondial sur la conduite responsable des entreprises et de la réunion ministérielle informelle, tenus à l’OCDE les 26 et 27 juin : les entreprises internationales doivent faire plus que le strict minimum. Que ce soit avec leurs salariés, leurs sous-traitants, leurs clients, les autorités fiscales ou dans le secteur de l’environnement, elles doivent agir de façon responsable tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement.
Les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales sont à cet égard un instrument très utile : ils offrent aux entreprises un cadre de référence juste, solide et internationalement reconnu, tout en donnant au public la possibilité de se faire entendre via les points de contact nationaux.
L’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh en 2013, tuant plus d’un millier d’ouvriers confectionnant des vêtements destinés aux marchés occidentaux, a tragiquement rappelé l’interconnexion des marchés et l’importance vitale de la conduite responsable des entreprises. J’exhorte les employeurs, les syndicats et la société civile à joindre leurs forces pour veiller au respect des principes directeurs partout dans le monde, dans l’intérêt de tous.
Les nuages de la crise se dissipent, mais, pour que la tempête s’éloigne, secteurs public et privé doivent redoubler d’efforts − à l’échelle locale, nationale et mondiale − afin de bâtir ensemble le monde inclusif, résilient, heureux et sûr que nous désirons et méritons tous.
©L'Observateur de l'OCDE N° 299 T2 2014
Voir aussi:
www.oecd.org/fr/apropos/secretairegeneral
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